Xièxie (“merci” en chinois) est un disque de voyage : de celui effectué par Will Long en Chine en 2017. Les images et les sonorités gracieuses abondent au cœur de cette ambient profonde, agrémentée de field recordings urbains, conférant à l’œuvre une valeur documentaire. Xièxie s’ouvre d’ailleurs par des sons de conversation enregistrés sur place, un procédé de captation que l’on retrouve sur “(06.26.17) Maglev at 303 Km/h”, “(06.24.17) Birds inside the high Halls of Hangzhou, (06.23.17) Shanghai red Line, Metro Karaoke” et “(06.26.17) Waiting in Hangzhou”. Ces bruits ambiants sont utilisés avec parcimonie, mais parviennent idéalement à nous plonger de façon délicate dans la réalité quotidienne de ce pays lointain et exotique.
Néanmoins, l’essentiel est ailleurs. Long est établi depuis plusieurs années au Japon, d’où il dirige le label Two Acorns. L’âme asiatique l’impacte fondamentalement, tant la recherche de l’épure est criante. Xièxie confirme le talent de l’Américain pour tisser des atmosphères éthérées, relaxantes et oniriques. C’est beau à en pleurer et pourtant, c’est si simple ! Se servant toujours de boucles, il nous invite à la contemplation. Ainsi, les nappes succèdent aux drones selon un schéma totalement répétitif. Les morceaux conservent la même trame tout au long de leur exécution, sans changement notable, l’aspect méditatif est pleinement assumé. Cet opus reste donc dans la lignée du concept Celer : une musique calme et hypnotique, non événementielle. Le musicien reste l’un des meilleurs représentants de cette mouvance minimaliste de l’ambient, au même titre que Hakobune, Ex Confusion, Rafael Anton Irisarri ou Kyle Bobby Dunn. Une pureté certaine émerge de son art et il nous inspire avec élégance certaines émotions, telles que la nostalgie (“Prelude to Obsession I”). On notera que Xièxie a été masterisé par l’excellent Stephan Mathieu et que deux titres bonus sont disponibles en téléchargement, des versions “uncut” de l’album entier. Une véritable réussite.