Difficile de suivre la production de Celer (désormais Will Long) tellement sa discographie est dense. L’année 2014 est peut-être l’exception avec seulement 4 albums dont une auto-production, parmi lesquels on compte le Zigzag paru chez Spekk (chroniqué ici) et donc ce Sky Limits que l’on est agréablement surpris de retrouver sur le label français Baskaru.
Celer fait parti de ces artistes que l’on commence à bien connaitre et dont on se dit qu’il aura du mal à nous surprendre tellement sa production est homogène. En effet Will Long aligne, certains diront “avec facilité”, les nappes aériennes d’une ambient classique, fortement teintées de nostalgie, et lorgnant parfois vers le minimalisme. Parler de nappes aériennes et réaliser que l’album s’intitule Sky Limits, on se dit qu’il est on ne peut plus logique que Celer campe sur son registre de prédilection. Alors oui, aucune surprise à l’écoute de Circle Routes qui ouvre le disque sur une belle ambient aux nappes tristounes, pleines de nostalgie, voire empreintes d’une certaine gravité. C’est simple, un drone, une nappe qui compose une mélodie répétitive et on se laisse porter ainsi pendant une petite dizaine de minutes.
Mais la surprise se produit lorsque l’on découvre les interludes qui servent de transition entre deux pièces ambient. De simples field recordings, sans le moindre artifice, captés à Tokyo et Kyoto, des scènes du quotidien dont les titres disent tout, y compris la date. Ainsi on devine que le musicien est en train de se faire du thé sur (12.5.12) Making Tea over a Rocket Launch Broadcast tandis qu’en arrière plan la télé diffuse le lancement d’une fusée.
Le procédé apporte indéniablement quelque chose à la musique de Celer, une musique ambient, abstraite, qui prend ancrage dans le réel, dans un quotidien qui s’estompe progressivement, à l’image de la mémoire qui efface petit à petit les souvenirs. Passé ce constat, on revient aux douces nappes synthétiques avec In Plum and Magenta, mais on lui préfèrera la franchise deTangent Lines, moins doux, plus direct et hypnotique avec ses nappes répétitives.
Alors que l’album s’achève sur Attempts to Make Time Pass Differently, cette mélodie a un air de déjà entendu, l’impression qu’il s’agit d’une reprise d’un titre précédent, même mélodie mais autres sonorités ? A moins que ce ne soit Celer qui joue lui aussi avec notre mémoire…