On ne présente plus Celer, désormais le projet solo de Will Long, dont nous parlons ici pour la dixième fois alors qu’il sort environ un nouvel album par mois. Après Akagi qu’il sortait sur Two Acorns, son propre label, on le retrouve cette fois sur la jeune structure américaine Sequel, fondée fin 2015.

Pour qui connait un peu les productions de Will Long, disons que ce nouvel album est logiquement dans la lignée des précédentes et on se demandera même comment il pourrait en être autrement tellement le musicien est constant depuis maintenant plus de 10 ans. Pour les autres, disons que Celer produit une musique ambient minimale, souvent rapprochée du drone.

Alors qu’il nous avait habitué aux longues pièces, Celer nous surprend un peu ici en plaçant de courts interludes entre les pièces ambient qu’on lui connait. Ainsi l’album débute avec la flûte d’un musicien de rue et des bruits de pas, posant une ambiance orientale sur ce From The Bus To The Corner, Past The Hypostyle Halls. On est à Hammamet alors que Will Long est revenu sur les traces d’un grand oncle qui s’est noyé 31 ans plus tôt au large de la ville tunisienne. Un peu plus tard on trouve des extraits d’un discours de Thomas Sankara probablement capté sur une télévision, l’ambiance sonore de la côte, le calme d’un hôtel avant que la télé ne s’allume, ou encore le bruit de la mer tout au long de The Fear To Touch The Sand.

Pièces principales et interludes s’enchaînent, formant presque une seule et même composition d’un peu moins d’une heure. Les nappes sous toutes leurs formes occupent logiquement une place importante sur ce disque, à commencer par le lancinant Spindles And Fires sur lequel plusieurs strates mélodiques se croisent de fort belle manière. Sol Azur en reprend le principe avec des tonalités un peu plus graves, mais surtout particulièrement douces, soyeuses, comme du velours, avec une mélodie répétitive.

Sur In All Deracinated Things, on retrouve plus particulièrement le style du musicien, avec un son plus dense, des oscillations moins amples, rendant l’ensemble plus statique. On sera ensuite un peu surpris par Base Haze et son style atypique avec un drone extrêmement discret qui semble parfois être noyé dans un souffle, ou le bruit de la mer qui habite l’interlude suivant.

L’album se termine sur le bien nommé Terminal Points. Le ton est ici beaucoup plus grave, mélodique mais sombre tout en restant purement ambient. Ce dernier titre fait alors écho à la fin tragique du parent de l’artiste et on devine en arrière plan le va et vient de la mer.

Si parfois on se dit que Celer joue un peu la facilité, on trouvera qu’il essaye ici d’évoluer un peu, tant dans la construction de l’album que dans son approche mélodique. Une excellente surprise.