Impossible de suivre l’ensemble des productions de Celer, à croire qu’il compose un album en moins de temps qu’il nous faut pour rédiger une chronique ! Entre les sorties physiques et numériques, c’est une vingtaine d’albums que Will Long a sorti depuis celui-ci (soit environ 1 par mois), que ce soit des sorties personnelles (sur son compte Bandcamp), sur son propre label (Two Acorns) comme c’est le cas ici, ou encore d’autres structures (Zoharum, Cellar Door Tapes, …).

Le style de l’Américain est bien défini, probablement facilement reconnaissable même s’il ne doit pas souvent apparaître dans des blind tests. Si l’on avait été assez bluffé par le parti pris plutôt radical de sa musique, et en particulier son minimalisme, nous n’avons plus vraiment d’effet de surprise aujourd’hui. Pas de changement en effet dans le style de Celer que l’on imagine d’ailleurs mal changer de voie. Au contraire, avec cette pièce unique qui frôle les 1h20, il ne fait que confirmer sa singularité.
À l’origine Akagi est un projet un peu particulier puisqu’il s’agit d’une commande pour un événement autour de la pratique du yoga. Prenant place au Japon où vit désormais Will Long, dans un temple du Nord de Tokyo, cet événement voyait les élèves situés entre le professeur et le musicien, en fond de salle. Il s’agissait donc d’un live pendant un cours de yoga, l’artiste assistant régulièrement à l’assoupissement et au réveil des yogis.

Akagi a été produit à partir de 2 magnétophones jouant 2 boucles de claviers qui ne cessent de se croiser. L’intervention de l’artiste se faisait alors sur le niveau sonore de ces boucles et quelques paramètres des magnétophones. Le procédé est basique, l’intervention de l’artiste limitée et le résultat reflète parfaitement cet état des choses.
Pendant 1h20, l’auditeur se fait bercer par 2 nappes qui oscillent sans fin, l’une grave que l’on qualifiera de drone (pour simplifier), et l’autre tout simplement de nappe, caractérisée par son aspect aérien et lumineux. Avec ses oscillations perpétuelles mais sur des tempos différents, Akagi est répétitif mais il s’agit d’une répétition que l’on perçoit vaguement, sans pouvoir assurer que la même séquence apparaît deux fois. C’est classique pour ce type de production, mais l’album dégage un sentiment de profond apaisement, de douceur, de calme avec un niveau sonore que l’on trouvera plutôt bas. Par moment l’une des strates semble prendre le dessus, comme une envolée qui retrouvera rapidement son équilibre alors que par endroits on s’approche du silence.

Mais qu’importe ces variations anecdotiques puisqu’elles s’effacent sur la durée. Si vous ne vous êtes pas endormis avant la fin, au bout de ce périple désertique il ne vous restera qu’une impression d’unité, de fluidité et de sérénité.