Un disque, un poème. Il n’en faut parfois pas davantage pour semer le trouble et captiver bien au-delà de la simple musique. Ainsi Evaporate & Wonder, nouvel album du couple immortel formé par Danielle Marie Baquet et William Thomas Long, interpelle-t-il mille fois plus que la cohorte de nouveautés labellisées ambient. Déjà le titre du disque, belle manière d’envisager le corps, l’esprit et sa petite musique. Ensuite le son, d’une beauté folle, aux confins de l’immobilisme et de la disparition. En témoignent ces deux magnifiques pièces drapées de calme, de souffle et d’éternel. De fait, on y reviendra souvent, comme s’il s’agissait d’une source de vie. Certes, il y a toujours eu chez Celer quelque chose que les autres n’avaient pas – une sensibilité, une force et une poésie qui tranchent avec l’ordinaire glacé de ce type d’entreprise. Depuis la tragique disparition de Danielle Marie Baquet, Celer est cependant plus encore qu’un projet singulier et passionnant. A l’image du travail de Richard Skelton, il s’agit désormais de vivre avec et sans, d’entretenir le souvenir de l’être cher et de prolonger la vie comme on peut – avec des mots, de la musique et beaucoup d’émotion retenue qui rappellent ici plus qu’ailleurs toute la grandeur de l’existence.